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Après l’attaque chimique, les États-Unis frappent une base du régime syrien

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frappe-syrieCinquante-neuf missiles américains de type Tomahawk ont été tirés jeudi 6 avril contre une base aérienne syrienne, en réponse à l’attaque chimique meurtrière sur Khan Cheikhoun imputée à Bachar Al Assad.

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé une « agression contre un État souverain en violation des normes du droit international » et « un préjudice considérable » aux relations russo-américaines.

Quarante-huit heures après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun attribuée au régime syrien et responsable de plusieurs dizaines de morts dont de nombreux enfants, Washington a décidé jeudi 6 avril dans la soirée de passer à l’attaque en Syrie.

« Cinquante-neuf missiles » de type Tomahawk, selon un responsable de la Maison-Blanche, ont été tirés depuis des destroyers de l’US Navy évoluant en Méditerranée orientale.

Les États-Unis ont visé la base aérienne de Shayrat, située dans la province de Homs, au centre de la Syrie, qui aurait été presque entièrement détruite dans l’attaque. Les frappes ont aussi fait des victimes, a indiqué le gouverneur de Homs Talal Barazi.

« Il y a des martyrs, mais nous n’avons pas encore de bilan », a-t-il déclaré. L’Observatoire syrien des droits de l’homme fait état pour sa part de « quatre morts ».
Une base directement liée à l’attaque de Khan Cheikhoun

Selon la Maison-Blanche, cette base aérienne syrienne est « associée au programme » syrien d’armes chimiques et serait directement liée à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, qualifiée par Donald Trump de « honte pour l’humanité ».

Dans la soirée, le président américain a confirmé lors de sa déclaration retransmise à la télévision le lien entre la base de Shayrat et l’attaque du 4 avril : « J’ai ordonné une frappe militaire sur une base aérienne de Syrie, d’où a été menée l’attaque chimique », a-t-il déclaration.

Dans cette déclaration solennelle, jeudi soir, le président américain a aussi mis clairement en cause le président syrien Bachar Al Assad, qui a « arraché la vie à des hommes, femmes et enfants sans défense ».

Il a affirmé que ces opérations étaient « dans l’intérêt vital de la sécurité nationale » des États-Unis et a appelé « toutes les nations civilisées à chercher à mettre fin au massacre et au carnage en Syrie ».

Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a lui aussi directement accusé le régime syrien sous la gouverne du président Bachar Al Assad d’être responsable de cette attaque.

Revirement spectaculaire de Donald Trump

Ces frappes américaines contre le régime syrien, qui marquent de fait un revirement spectaculaire de Donald Trump sur le dossier syrien, prennent la communauté internationale de court, alors que depuis deux jours, le Conseil de sécurité de l’ONU débattait d’une résolution de condamnation de l’attaque chimique perpétrée sur Khan Cheikhoun.

Jeudi 6 avril, toutefois, les États-Unis avaient mis en garde la Syrie d’une riposte militaire imminente. Arrivant dans la journée en Floride où il devait accueillir son homologue chinois Xi Jinping, le président Trump avait fait part de son souhait, quelques heures plus tôt, que « quelque chose se passe » contre le régime syrien.

Contrairement en somme au choix fait, à l’été 2013, par son prédécesseur Barack Obama qui avait renoncé à frapper la Syrie après une attaque aux armes chimiques à la Ghouta, près de Damas, qui avait fait plus de 1 400 morts. À l’époque, du reste, le magnat de l’immobilier Donald Trump avait exhorté sur Twitter Barack Obama à ne pas intervenir en Syrie.

Jeudi 6 avril, avant le passage à l’acte décidé par le même Donald Trump, l’ambassadeur russe Vladimir Safronkov avait averti les États-Unis de « conséquences négatives » en cas d’intervention militaire assimilée à une « entreprise tragique et douteuse ».
Réactions internationales

Après l’annonce dans la soirée de la frappe américaine, plusieurs réactions internationales sont intervenues. Parmi les plus prompts, Israël « soutient totalement » le « message fort » de Donald Trump qui sera entendu non seulement à Damas, mais aussi à Téhéran, Pyongyang et ailleurs.

Même soutient de la Turquie qui considère les frappes américaines comme « positives » : « Le régime de Bachar Al Assad doit être puni entièrement sur le plan international », insiste un porte-parole d’Ankara.

Parmi les soutiens de la Syrie, l’Iran, à l’inverse, « condamne vigoureusement » les frappes américaines contre une base militaire syrienne, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité par l’agence Fars.

Le président russe Vladimir Poutine, pour sa part, considère pour sa part les frappes américaines contre la Syrie comme une « agression contre un État souverain en violation des normes du droit international » se fondant « sur des prétextes inventés », a déclaré vendredi le Kremlin, cité par les agences de presse russes.

Le Kremlin évoque aussi « un préjudice considérable » aux relations russo-américaines.

Nombreux soutiens au Congrès américains

Aux États-Unis, de nombreux élus républicains et démocrates du Congrès américain ont apporté leur soutien à la décision de Donald Trump, qualifiée d’ »action appropriée et juste », par le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan.

Selon ce dernier, « ces frappes tactiques démontrent au régime Assad qu’il ne peut plus compter sur l’inaction américaine quand il commet des atrocités contre le peuple syrien ».

Même son de cloche du côté du chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, qui a estimé que « faire payer un prix à Assad lorsqu’il commet de telles atrocités est une bonne chose » tout en invitant l’administration Trump à « adopter une stratégie et consulter le Congrès avant de l’appliquer ».

Le sénateur républicain John McCain, partisan de longue date d’une intervention américaine musclée en Syrie, a salué lui aussi « première étape crédible » et appelé à adopter une nouvelle stratégie pour mettre fin au conflit syrien : « La première mesure d’une telle stratégie doit être de mettre l’armée de l’air d’Assad (…) complètement hors de combat », a martelé cet ancien candidat à la présidentielle.

L’unanimité n’est toutefois pas de mise parmi les représentants américains. Le sénateur démocrate Chris Coons s’est dit « inquiet » de voir les États-Unis s’engager contre le régime syrien sans réelle stratégie, et a estimé que « les actions décidées par le président soulevaient plus de questions qu’elles ne fournissent de réponses ».

Une coalition d’élus des deux camps, anti-guerre ou isolationnistes, a commencé à émerger.

« Bien que nous condamnions les atrocités en Syrie, les États-Unis n’ont pas été attaqués. Le président doit obtenir une autorisation du Congrès pour toute action militaire, comme la Constitution le stipule », a ainsi insisté le sénateur Rand Paul. (AFP)

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