Le gendarme du commerce et des services a encore sévi contre les mauvaises pratiques des entreprises et va continuer.
Une fois encore l’Autorité de la concurrence démontre son utilité. Le bilan de son action en 2016, publié ce lundi matin, fait état de 310 décisions et avis rendus, dont quatorze se sont traduits par un total de 203,2 millions d’euros d’amendes. On est certes loin du record de 1,2 milliard d’euros de 2015.
«Il n’y a pas eu de grosses sanctions», explique la présidente Isabelle de Silva qui vient d’achever son premier semestre à la tête d’une institution qui compte bien poursuivre sa veille, ses contrôles et rappels à l’ordre.
On retiendra de 2016, que sur quatorze sanctions prononcées, neuf visent des ententes entre entreprises. Une pratique récurrente, malgré déjà de très nombreuses et sévères sanctions de l’Autorité.
On retiendra aussi deux «grosses» amendes, celle de 80 millions d’euros prononcée contre Numéricable (filiale d’Altice, présidée par Patrick Drahi), pour avoir anticipé le rachat de SFR avant obtention de toutes les autorisations. Altice fait d’ailleurs l’objet d’une enquête sur des pratiques similaires supposées au Portugal.
SFR, lui, semble s’être abonné à l’autorité; en mars dernier, une autre sanction, de 40 millions d’euros a été prononcée contre lui pour ne pas avoir tenu ses engagements en matière de raccordements à la fibre.
On retiendra aussi les 69 millions d’euros infligés à Umicore, société belge et l’un des leaders mondiaux du zinc, qui avait abusé de sa position dominante en mettant en place pendant 9 ans une stratégie commerciale visant à contraindre ses distributeurs à s’approvisionner exclusivement auprès de lui.
Le secteur du numérique dans le collimateur
En 2017, l’autorité a déjà prononcé pour 100 millions d’euros de sanctions. Parmi elles, celle contre Engie, prononcée en mars dernier pour un montant de 100 millions d’euros, a rappelé à l’ordre les opérateurs en position dominante qui utilisent leur fichier clients historique pour les convertir à leurs nouvelles offres. Une autre décision est attendue prochainement contre Engie qui a fixé des tarifs entreprises sans tenir compte de ses coûts.
Pour la suite, l’Autorité de la concurrence annonce qu’elle va enquêter notamment dans le secteur de la santé. Un domaine particulier sera passé au crible de l’efficience et de la concurrence (L’autorité n’en dit pas plus, mais ce pourrait être les dentistes, après les audioprothésistes en 2016).
Le gendarme du commerce et des services souhaite aussi rendre des avis sur la délégation de tâches entre professionnels de santé et sur le mode de fixation du prix des médicaments, a indiqué Isabelle de Silva. Deux autres secteurs sont dans son viseur : le numérique, et notamment la stratégie commerciale de Google, mais aussi les pratiques de publicité en ligne en général, ainsi que la grande distribution. (leparisien)