L’écologiste Nicolas Hulot défend la « réflexion » en politique, dans un système démocratique qui, selon lui, vit « dans la précipitation » et appelle à un changement de constitution pour que la démocratie « s’extraie de la fulgurance du temps ».
Dans un entretien accordé fin mars et publié dans le numéro de mai-juin du magazine Nexus, celui qui n’a toujours pas dit s’il serait candidat à la présidentielle assure avoir constaté que les politiques ne prennent « pas souvent » le temps de la réflexion.
« La politique, c’est souvent l’art et la manière de dissimuler l’impuissance », regrette-t-il, témoignant de « combien la communication prend parfois le pas sur la réflexion ».
« La pédagogie, ça ne se fait pas en quelques minutes, nous sommes prisonniers de sujets complexes, très clivants », a-t-il détaillé, parlant d’un « système toujours dans la précipitation ». « C’est encore quelque chose que j’ai pu observer, ça court tout le temps, y compris dans les couloirs », raconte-t-il.
« Il n’y a pas aujourd’hui un protocole de gauche et un protocole de droite pour résoudre les grandes difficultés du monde, de la Nation et des citoyens », a encore constaté l’ancien envoyé spécial de François Hollande pour le climat, considérant que « nous sommes en situation de guerre contre nous-mêmes ».
Evoquant des hommes politiques « sincères » comme des « opportunistes », il suggère de « changer la Constitution pour avoir par exemple une troisième chambre où le citoyen pourrait entrer avec un droit de veto suspensif ».
« On ne peut pas professionnaliser éternellement la politique », a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que « nous ne sommes pas grand chose par rapport à tous ces lobbies qui sont excessivement organisés ».
« L’idée n’est pas de mettre (la démocratie) à mal mais au contraire de l’adapter au contexte actuel en faisant déjà en sorte que notre démocratie s’extraie de la fulgurance du temps pour favoriser la prospective », a-t-il expliqué. (AFP)