Le gouvernement portugais pourrait traverser une nouvelle zone de turbulences si la Cour constitutionnelle du pays venait à rejeter des mesures d’austérité, au risque de raviver un peu plus encore la crise que vit le bloc monétaire européen.
Selon le journal Publico, le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a prévenu ses plus proches collaborateurs que son gouvernement pourrait tomber si la haute juridiction rejetait la mise en oeuvre de plus d’un milliard d’euros de mesures d’austérité.
Si cette hypothèse se confirmait, le Portugal aurait du mal à sortir du programme d’aide élaboré par l’Union européenne et le Fonds monétaire international en 2011 et à revenir durablement sur le marché de la dette.
La décision de la Cour constitutionnelle, saisie par l’opposition parlementaire, doit rendre sa décision dans les semaines à venir.
Si elle rejette le projet de budget présenté par le gouvernement, ce sont près de deux milliards d’euros de mesures d’austérité qui seraient remises en question. Elles prévoient notamment un relèvement des taxes d’une ampleur inédite dans l’histoire lusitanienne.
« Si le gouvernement tombe à cause de cela, ce sera vraiment mauvais pour le Portugal et pour la zone euro parce que Lisbonne était en train de s’approcher de la situation de l’Irlande et son programme d’ajustement était présenté comme un succès », a commenté Giadi Giani, économiste de Citi à Londres.
Selon le journal Publico, le Premier ministre a prévenu des membres de sa formation politique, le Parti social-démocrate (centre-droit) qu’il ne serait pas en mesure de trouver de solution alternative en cas de décision défavorable de la Cour constitutionnelle.
Interrogé, il a déclaré qu’il revenait à la juridiction de prendre ses responsabilités sur l’impact que ses décisions pourraient avoir sur le pays. L’année dernière, le rejet par la Cour constitutionnelle d’une mesure visant à réduire les salaires des fonctionnaires avait contraint le gouvernement à décider de lourdes hausses de taxes.
Certains analystes jugent que le gouvernement cherche à faire pression sur la cour afin qu’elle valide l’essentiel de ses mesures.
« Il ne fait pour moi aucun doute qu’il y a une dramatisation destinée à faire pression sur la cour, même s’il arrive parfois que la dramatisation fasse tomber ceux qui dramatisent », a déclaré Antonio Costa Pinto, analyste politique de l’Université de Lisbonne. (Reuters)