Deux fictions du grand romancier portugais font entendre, plus de cent ans après leur publication, un son étonnamment moderne.
LA CORRESPONDANCE DE FRADIQUE MENDES
d’Eça de Queirós
Traduit du portugais et présenté par Marie-Hélène Piwnick,
Éditions de la Différence, 334 p., 22 €
Grâce aux Éditions de la Différence, qui ont déjà publié une dizaine de ses ouvrages, les lecteurs français découvrent un romancier dont Borges disait qu’il était «un des plus grands écrivains de tous les temps».
Né en 1845 dans une petite ville du nord du Portugal, José Maria de Eça de Queirós fut, en 1888, nommé consul à Paris où il demeura jusqu’à sa mort en 1900. De sa fascination pour cette ville, pour la culture française, qu’il partageait avec les créateurs de son époque par-delà les frontières, il dota beaucoup de ses personnages.
Dans La Correspondance de Fradique Mendes (1900) et dans 202 Champs-Élysées (1901), publiés à titre posthume, les deux héros appartiennent à la fois à leur pays d’origine et à leur patrie d’adoption. Issus de la vieille aristocratie foncière encore très riche, Fradique et Jacinto habitent Paris, prennent part à sa vie mondaine, à son effervescence intellectuelle dans la seconde moitié du XIXe siècle, attentifs aux vents nouveaux de la modernité.
Aux Champs-Élysées, le luxueux hôtel particulier de Jacinto, doté de toutes les découvertes liées à «la Fée Électricité», de tous les raffinements de la technique, attire dans des réceptions somptueuses le monde et le demi-monde.
Sa bibliothèque contient des milliers de volumes, mais il pourrait dire lui aussi: «La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres». Jacinto et Fradique sont imprégnés en effet de cette mélancolie européenne qui innerve les textes de Mallarmé, Tchekhov, Laforgue, Ibsen ou Schnitzler.
Comme Des Esseintes dans À rebours, Jacinto a tout expérimenté et, au bout de ses équipées, n’a trouvé que vide et nihilisme.
Lui qui rêvait de «rejoindre la totalité du monde», il se sent divisé à l’intérieur de lui-même. Incapable de définir un sens pour son existence, il conserve pourtant la nostalgie de ce sens perdu.
«L’homme suprême du XIXe siècle», comme l’appelle son ami Zé Fernandes, le narrateur, domine tous les savoirs de son époque, mais glisse lentement vers la mort, jusqu’à ce que le salut vienne pour lui d’un retour au pays natal.
Ayant perdu ses bagages en route, il descend, comme délivré, vers ses terres portugaises, où il prend conscience de la misère paysanne.
Cette opposition entre le monde parisien, superficiel, sujet aux névroses et aux perversions, et le Portugal où Jacinto se met au travail et retrouve un contact avec la nature pourrait sembler manichéenne sans Zé Fernandes, qui brosse, des habitués du 202, Champs-Élysées, des portraits d’une lucidité cruelle, proche de Maupassant ou de Mirbeau… (La Croix)
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