Isabel Diaz Ayuso, présidente de la région de Madrid, qui a soudainement démissionné mercredi de ses fonctions et convoqué des élections anticipées, a mis à profit la crise sanitaire pour s’imposer comme le nouveau visage de l’opposition de droite au gouvernement du socialiste Pedro Sánchez.
Membre du Parti populaire (PP, droite), Mme Diaz Ayuso, alors peu connue au niveau national, avait pris la présidence de la région en mai 2019.
Plongée depuis un an dans la crise majeure que constitue le Covid-19 pour l’Espagne mais surtout pour Madrid, cette ancienne journaliste de 42 ans, sans grande expérience politique, a vite imposé son goût prononcé pour la confrontation.
Sa décision, mercredi, de mettre fin brutalement à sa coalition avec les libéraux de Ciudadanos et de convoquer de nouvelles élections, qui a pris la classe politique par surprise, illustre parfaitement son style.
Avec ses attaques répétées contre le gouvernement de gauche, Mme Díaz Ayuso s’est imposée comme une figure de premier plan de la droite espagnole, allant jusqu’à faire de l’ombre au jeune leader du PP, Pablo Casado.
A la tête de la région la plus riche d’Espagne, elle a d’abord été vivement critiquée pour son manque de réaction face au coronavirus, elle qui a toujours prôné des mesures moins restrictives dans sa région.
Elle a ainsi maintenu bars et restaurants ouverts, contrairement à la plupart des autres régions espagnoles, affirmant qu’il était essentiel de protéger l’économie.
Se défendant de quelque responsabilité dans l’expansion de l’épidémie dans sa région, l’une des plus touchées par le Covid-19 en Espagne, elle a toujours rejeté la faute sur Pedro Sánchez, fustigeant « le gouvernement le plus autoritaire de l’histoire de la démocratie » espagnole.
Mme Díaz Ayuso en est ainsi venue à incarner la ligne dure du PP, comme lorsqu’elle s’est opposée en 2019 à l’exhumation par le gouvernement de la dépouille du dictateur Francisco Franco de son mausolée.
« Que va-t-il se passer ensuite ? Ils vont brûler des églises comme en 1936 ? », avait-elle lancé en référence à la Guerre civile espagnole (1936-1939).
Confrontation
Sa stratégie de confrontation agressive avec la gauche divise même dans son camp, mais elle lui a permis d’occuper l’espace médiatique, déclarait en octobre à l’AFP Pablo Simon, professeur de Sciences politiques à l’Université Carlos III de Madrid.
« En s’opposant au gouvernement, elle impose son rythme et beaucoup la voient déjà comme la vraie leader de l’opposition », ajoutait-il alors.
A ses débuts en politique, Mme Díaz Ayuso ne s’occupait pourtant que du compte Twitter de Pecas, le chien de la présidente régionale de l’époque, Esperanza Aguirre.
« Incontrôlable, libéral, séduisant », pouvait-on lire sur le profil de Jack Russell Terrier, dont les réflexions canines sur l’actualité étaient alors publiées par Mme Diaz Ayuso, diplômée en communication politique.
Née à Madrid le 17 octobre 1978, elle a étudié le journalisme dans la capitale espagnole et a travaillé dans le domaine du journalisme sportif, mais aussi en Irlande et en Equateur, avant d’adhérer au mouvement de jeunesse du PP, alors dirigé par Pablo Casado.
Élue députée régionale en 2011, la jeune femme a creusé son sillon au sein du parti jusqu’à ce que M. Casado crée la surprise en la choisissant comme tête de liste aux élections régionales de mai 2019.
Dans cette région traditionnellement de droite, le PP y était battu pour la première fois depuis plusieurs décennies, mais sans que la gauche parvienne à former une majorité.
Cette impasse permettait alors à Mme Díaz Ayuso de prendre la présidence de la région grâce à une alliance avec les libéraux de Ciudadanos, mais aussi grâce au soutien du parti de droite Consevatrice Vox.
En la choisissant, M. Casado cherchait « quelqu’un de contrôlable », expliquait en octobre Pablo Simon. Mais à présent, on ignore si « elle est d’accord avec lui ou si elle poursuit ses propres objectifs ».
Compte-tenu de l’importance de la capitale, « toute personne à la tête du gouvernement régional de Madrid semble plus important qu’il ou elle n’est réellement », relativisait alors Roger Senserrich, du site d’analyse politique Politikon. (AFP)
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