Combien coûteront les yaourts, steaks hachés ou les pâtes dans les rayons au printemps ? Seule certitude, quelques heures après la clôture des négociations commerciales entre les supermarchés et l’industrie agroalimentaire: la facture va grimper !
Les industriels et la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) s’entendent pour dire que la hausse du prix payé par la grande distribution à ses fournisseurs devrait être de l’ordre de 10 %.
« Je ne vais pas me hasarder à donner un chiffre », a pour sa part affirmé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire jeudi matin, lors d’un déplacement au Salon de l’Agriculture à Paris.
« Aujourd’hui toute hausse, quelle qu’elle soit, est très difficile à vivre pour nos compatriotes », a-t-il insisté.
Les négociations annuelles permettent de fixer le prix et les conditions auxquelles les grandes surfaces s’approvisionneront auprès des industriels. Elles ont pris fin mercredi à minuit, après trois mois de pourparlers.
Particulièrement houleuses cette année, leur conclusion aura un impact direct sur le ticket de caisse des consommateurs qui ont déjà vu leur pouvoir d’achat dégringoler en raison d’une inflation alimentaire évaluée par l’Insee (Institut national de la statistique) à 14,5 % sur un an en février.
Mardi soir, à 24 heures de la clôture des négociations, seuls 70 % des industriels de l’agroalimentaire avaient signé leurs contrats avec tous leurs clients distributeurs, signe de l’âpreté des discussions, selon la principale organisation du secteur, l’Ania.
« La très grande majorité va signer par nécessité » au dernier moment sauf à perdre des clients distributeurs, relevait mercredi son président Jean-Philippe André.
Le chiffre précis de la hausse des prix obtenue par les industriels devrait être connue dans les prochains jours, le temps de réunir les contrats et de la calculer mais les industriels ont demandé « entre 10 et 12 % » pour répercuter la flambée de leurs coûts de production, selon l’Ania.
Ils avaient en mars dernier obtenu une hausse d’environ 3 %, avant que l’inflation galopante, liée notamment à la guerre en Ukraine, ne conduise à la réouverture de négociations pour répercuter le coût des matières premières agricoles, des emballages, puis du gaz et de l’électricité.
« Ce que nous demandons est plus élevé que les années précédentes » dans le but de mieux rémunérer les éleveurs, a souligné mercredi sur RMC le porte-parole du géant laitier Lactalis, Christophe Piednoël.
Inaugurant le Salon de l’agriculture samedi, Emmanuel Macron avait appelé les supermarchés à « participer à l’effort », estimant que l’industrie agro-alimentaire avait déjà fourni « un effort considérable ces dernières années ».
« Casser les prix »
La présidente du premier syndicat agricole, la FNSEA, Christiane Lambert, a tempêté contre certaines grandes surfaces qui refusent de payer « la juste part » qui permettrait aux agriculteurs de vivre de leur travail.
Les enseignes, de leur côté, dénoncent l’absence de transparence sur les coûts de production et les demandes « délirantes » des industriels.
« Le vrai chiffre, c’est 15 % de hausse qui nous sont demandés par les industriels », a dénoncé lundi sur France inter le PDG de Système U, Dominique Schelcher.
Selon le directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution Jacques Creyssel, « quelques multinationales ont commencé à négocier très tardivement et cherchent à tirer partie de la situation inflationniste » pour imposer des augmentations allant jusqu’à 20 %.
Ses adhérents préviennent qu’ils ne pourront pas absorber seuls ces hausses et devront les répercuter sur les consommateurs.
Pour amortir le choc sur le budget des ménages, le gouvernement discute avec les industriels et les distributeurs et espère finaliser un dispositif de soutien d’ici la mi-mars, a indiqué Bruno Le Maire.
En matière de prix alimentaires, « il n’y aura pas de mars +rouge+, je réfute cette expression qui fait peur aux Français », a-t-il martelé, « convaincu » de trouver un « accord collectif dans les jours qui viennent ».
Parmi les mesures envisagées, un panier-inflation proposé par la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, qui a assuré mercredi que cette proposition, objet de nombreuses critiques, n’avait pas été définitivement écartée.(AFP)
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