Le créateur australien de WikiLeaks Julian Assange, réfugié depuis 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres, va perdre la protection de ce pays, a estimé l’ex-président équatorien Rafael Correa, qui lui avait accordé l’asile, dans un entretien à l’AFP.
« J’ai très peur pour la sécurité de Julian Assange. Je pense que ce n’est qu’une question de temps pour que ce gouvernement, qui a trahi tous les idéaux (…), lui retire son soutien », a déclaré cet économiste de 54 ans lors d’une interview exclusive réalisée jeudi soir.
Rafael Correa s’exprimait quelque jours après la décision du nouveau gouvernement équatorien de naturaliser Assange afin de tenter de lui obtenir un statut diplomatique et le faire sortir de son ambassade afin trouver une solution à cette situation de plus en plus délicate pour le pays andin.
Craignant une extradition vers la Suède pour un viol présumé qu’il nie, Julian Assange, 46 ans, a trouvé asile en 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres. Ce pays était alors gouverné par Rafael Correa (2007-2017), figure de la gauche sud-américaine, qui avait nargué Washington en recevant le fondateur de WikiLeaks.
Depuis son départ du pouvoir, l’ancien chef d’Etat est devenu l’opposant numéro un de son successeur et ex-allié, l’actuel président équatorien Lenin Moreno.
Ainsi, M. Correa est récemment sorti de sa retraite politique en Belgique, pays dont est originaire son épouse, pour revenir en Equateur affronter M. Moreno à l’occasion du référendum que l’actuel président a convoqué pour le 4 février.
Cette consultation vise notamment à mettre fin à la réélection présidentielle indéfinie, une initiative qui cherche à écarter M. Correa de la vie politique en évitant un éventuel retour en 2021, selon les experts.
Rafael Correa vient également de quitter Alianza Pais, le parti qu’il avait fondé et actuellement toujours au pouvoir mais divisé entre « corréistes » et « morénistes ».
« Il ne manque qu’une pression des Etats-Unis pour qu’ils (le gouvernement) le fassent (lâcher Assange), ils attendent le 4 février pour prendre une décision », a ajouté M. Correa.
« Il est clair que Lenin Moreno n’est pas un homme de convictions, il est clair qu’il est soumis aux puissances » étrangères, a-t-il poursuivi en référence aux Etats-Unis, où l’Australien craint d’être extradé et jugé, s’il sort de l’ambassade équatorienne, pour la publication par WikiLeaks de secrets militaires et de documents diplomatiques américains en 2010. (AFP)
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