L’ancien Premier ministre français Pierre Mauroy est décédé à l’âge de 84 ans, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Il avait dirigé trois gouvernements d’union de la gauche au début du septennat de François Mitterrand, de 1981 à 1984.
« C’est tout un pilier du socialisme démocratique qui s’en va », a-t-il dit en marge d’une visite officielle de François Hollande à Tokyo.
Les gouvernements Mauroy avaient été marqués par de grandes réformes telles que la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés et l’abolition de la peine de mort. L’ancien Premier ministre avait aussi été maire de Lille pendant 28 ans, de 1973 à 2001, et président de l’Internationale socialiste, notamment.
Soutien important de François Mitterrand dans le travail d’union de la gauche en 1981, ce dernier, une fois élu président de la République, nomme Pierre Mauroy Premier ministre.
Le deuxième gouvernement Mauroy, formé après les élections législatives de juin 1981, comprend quatre ministres communistes. Il entame une politique marquée à gauche, pour appliquer les promesses de campagne : 39 heures, cinquième semaine de congés payés, augmentation du nombre de fonctionnaires, décentralisation, nationalisations (loi du 13 février 1982), impôt sur la fortune, retraite à 60 ans, abolition de la peine de mort, remboursement de l’IVG, réforme des médias4.
Après les élections municipales de 1983, perdues par la majorité, et alors que les partenaires européens réclament un redressement de la situation économique de la France, François Mitterrand souhaite faire sortir le franc du Système monétaire européen. Pierre Mauroy s’y oppose et obtient gain de cause, formant un troisième gouvernement, le 23 mars 1983.
Mais l’incapacité du Premier ministre à résoudre les problèmes de l’inflation et du chômage (+ 1,5 million de chômeurs), ainsi que la crise monétaire, le poussent à abandonner le Programme commun pour mettre en œuvre le « tournant de la rigueur », incarné par le ministre des Finances Jacques Delors, afin de maîtriser les finances de l’État et les problèmes économiques.
L’indexation des salaires sur les prix est abandonnée, la réforme de l’enseignement privé est repoussée. Le 17 juillet 1984, François Mitterrand décide de remplacer Pierre Mauroy par Laurent Fabius.
Pierre Mauroy retourne alors dans le Nord où il possède un poids politique important. Au Conseil municipal de Lille, le 17 février 1984, il avait fait voter la construction d’une statue pour le Cardinal Liénart. Cela entraîne un procès médiatique devant le Tribunal administratif de Lille, présidé par André Plateau.
Pierre Mauroy, en 1990.
En mai 1988, il devient premier secrétaire du Parti socialiste contre l’avis de François Mitterrand qui soutenait la candidature de Laurent Fabius. Reconduit après l’agité congrès de Rennes de 1990, il quitte ses fonctions le 9 janvier 1992, après quoi il est élu sénateur et président de l’Internationale socialiste. (plus)