Les scandales éclaboussant le secteur bancaire ne se réduisent pas à quelques pommes pourries isolées mais témoignent d’un problème de fond qui prendra du temps à être réglé, a déclaré samedi à Washington un responsable de la Fed.
Plusieurs banques ont été éclaboussées par des scandales et des procédures judiciaires coûteuses, surtout aux États-Unis, pour un large éventail de dossiers allant des pratiques abusives dans l’immobilier, des manipulations de taux interbancaires, de taux de change, des violations d’embargo ou de l’évasion fiscale.
Mettez-vous à la place d’un Américain lambda, d’un Européen lambda, ou d’un Japonais lambda, lisant dans son journal et voyant, au moins aux États-Unis, les suites des problèmes immobiliers, le dossier du Libor, le dossier des taux de change, a égrené Daniel Tarullo, le gouverneur de la banque centrale américaine en charge de la régulation financière, lors de l’assemblée annuelle de l’IIF, le lobby bancaire international.
Vous ne pouvez pas juste vous dire que (tous ces scandales) ne sont que quelques pommes pourries, il y a quelque chose dans la structure même des incitations (à la prise de risque, ndlr) au sein des banques qui doit être réglé, a-t-il prévenu.
Beaucoup de conseils d’administrations et de dirigeants savent que cela doit être réglé, mais nous sommes à coup sûr dans une configuration classique où les changements, dans certains cas, ne vont pas être immédiats, a-t-il reconnu.
Un rapport publié samedi par le cabinet de conseils Ernst and Young à l’occasion des réunions de l’IIF montre que les amendes et les affaires poussent chaque fois les banques à renforcer leurs contrôles internes, mais que beaucoup reste à faire.
Plus de huit banques d’importance systémique mondiale sur 10 sont en train de changer activement leur culture du risque, selon le cabinet EY, qui publie depuis plusieurs années une étude sur le sujet.
Ce phénomène s’est accentué après les différentes affaires qui ont éclaboussé le secteur ces dernières années, et particulièrement depuis que les amendes et les sommes déboursées en conciliation ont commencé à faire mouche, a déclaré Patricia Jackson, une des responsables de l’étude.
La moitié des banques systémiques mondiales ont enregistré des pertes opérationnelles de plus de 500 millions de dollars, selon EY, et ces pertes sont notamment dues à des amendes ou a des conciliations.
93% des banques reconnaissent que mauvaise supervision et mauvais contrôles ont conduit à ces échecs, selon le communiqué, qui précise que près de trois quarts des banques sont en train de renforcer les responsabilités face au risque.
L’étude a été menée auprès de 53 membres de l’IIF dans 27 pays de janvier à avril 2014.(AFP)