Le président du Conseil italien Mario Monti a encouragé, lors d’une émission télévisée, la Grèce à tenir strictement ses engagements financiers et ses partenaires à éviter les « diktats » à ce pays, dans une allusion transparente à l’Allemagne.
« Je crois et j’espère que les Européens, également les plus teutons d’entre eux, s’abstiendront de prononcer des diktats. Et j’espère que les Grecs vont réfléchir et en tirer des conclusions », a-t-il déclaré lors de l’émission « Piazza Pulita » sur la chaîne télévisée italienne La7, en évoquant le prochain scrutin de mi-juin en Grèce.
« Il est clair que si l’Union européenne disait (aux Grecs): nous vous réduisons les engagements que vous avez pris, ce serait une prime aux partis les plus extrêmes (…) Alors d’autres comme le Portugal pourraient prétendre à la même chose », a-t-il observé.
Pour expliquer la radicalisation de l’opinion grecque, le chef du gouvernement italien a relevé « l’humiliation démente » qu’ils ont subie: « la Grèce a perdu sa souveraineté: ils sont soumis aux conditions du Fonds monétaire (FMI), de la Banque centrale (BCE), de la Commission européenne ».
Ces dernières années, selon lui, l’Europe « s’est trompée en ayant réclamé un ajustement trop rapide » à Athènes: « introduire la concurrence, la lutte contre l’évasion fiscale, la corruption et la réduction du déficit public en deux-trois ans (…) signifie un changement culturel et politique extrêmement profond. Il faut une génération », a-t-il calculé.
Interrogé sur les chances d’Athènes de s’en sortir, M. Monti a estimé que « l’issue la plus probable est celle qui sera positive pour elle, et donc aussi pour nous tous ».
« L’Europe doit donner le signe qu’elle associe son image à la croissance et non à la seule discipline », a-t-il insisté par ailleurs, dans une critique voilée à la rigueur défendue par la chancelière allemande.
L’Europe, a-t-il noté un peu ironiquement, est « un intérêt allemand, L’Allemagne est une grande bénéficiaire de l’intégration européenne. Ils en bénéficient aussi et avant tout parce qu’ils ont un grand marché dans lequel désormais les pays individuellement ne peuvent plus dévaluer ».
Sur la possibilité de l’introduction à terme des euro-obligations dans l’UE, auxquelles Angela Merkel est opposée, M. Monti s’est montré prudemment optimiste: « je crois que oui, si la zone euro le veut et donc aussi l’Allemagne… ». (AFP)
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