Rapprochement programmatique entre droite et la droite conservatrice, de l’ancien Front national, détestation d’Emmanuel Macron: une étude considère pour ces raisons comme « une possibilité non négligeable » la victoire de Marine Le Pen à la présidentielle française en 2022.
Pour que la dirigeante du Rassemblement national (ex-Front National) soit élue, selon les auteurs de l’étude de Fondation Jean-Jaurès, centre de réflexion classé à gauche, il faudrait qu’une de ces conditions se réalise: « que l’électorat de droite modérée se reporte massivement sur elle, qu’elle soit suffisamment +dédiabolisée+ pour pousser les électeurs des candidats éliminés du premier tour vers l’abstention, et qu’Emmanuel Macron soit devenu un repoussoir similaire à Marine Le Pen ».
Si les auteurs écartent l’hypothèse d’une « grande convergence des extrêmes » entre les électorats de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon (extrême gauche), en raison de positions « profondément différentes » sur les questions culturelles et économiques, ils constatent une « convergence programmatique indéniable » entre Les Républicains (LR, droite) et le Rassemblement national.
La distance entre les sympathisants de droite et de la droite radicale s’est ainsi « largement réduite » sur les questions liées à l’islam, mais aussi à l’autorité, comme sur le rétablissement de la peine de mort.
Sur le plan économique toutefois, l’électorat de droite s’avère « bien plus libéral » que l’électorat de la droite radicale, même s’ils convergent sur l’idée qu’il existe trop d’assistanat en France.
Sur les enjeux culturels et l’immigration, la distance entre les deux électorats s’est resserrée depuis 2017 avec le siphonnage d’une partie de l’électorat de droite par Emmanuel Macron, qui laisse un électorat Les Républicains moins centriste et donc plus poreux avec le Rassemblement national.
La convergence programmatique ne se traduit donc « qu’imparfaitement » au niveau des électorats, qui se rapprochent sur les questions culturelles mais restent éloignés sur l’économie.
L’étude en conclut que si, à l’heure actuelle, les électorats de droite et d’extrême droite demeurent assez distincts, « le rapprochement qui s’est opéré sur les enjeux culturels laisse entrevoir des possibilités de transferts de voix au second tour ».
Et le fait qu’Emmanuel Macron « suscite un rejet important » en dehors de son camp pourrait conduire à une « abstention importante en cas de duel face à Marine Le Pen ».
Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont toujours les deux « finalistes » potentiels pour la présidentielle de 2022, selon un baromètre d’intentions de vote Challenges et Harris Interactive, publié mercredi.
Au second tour, le président sortant l’emporterait avec 54 % des voix, contre 46 % pour la présidente du RN. En 2017, le premier avait comptabilisé 66,1 % des voix, la seconde 33,9 %.
Selon cette enquête, qui a testé deux hypothèses concernant le candidat incarnant la droite, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, l’écart au 1e tour est toujours très faible entre M. Macron et Mme Le Pen.
Quel que soit le candidat de droite, Mme Le Pen recueillerait 26 % des suffrages exprimés, soit un recul d’1 point par rapport à une précédente enquête d’Harris Interactive, en mars. Le président sortant recueillerait 26 % à 28 % des suffrages