Au lendemain d’élections législatives historiques, la France est plongée dans l’incertitude : sans majorité nette à l’Assemblée nationale, la perspective d’un pays ingouvernable inquiète. D’autant que les compromis, les coalitions, les négociations transpartisanes ne sont pas dans sa culture politique.
L’incertitude pèse sur la future architecture gouvernementale au lendemain de la victoire inattendue du Nouveau Front populaire (NFP), une alliance de gauche radicale hétérogène fragilisée par une majorité relative, face à un pôle présidentiel qui ne s’avoue pas vaincu, malgré un net recul. Aucun camp n’est en mesure de gouverner seul.
Les macronistes plaident donc pour une coalition autour de leur « bloc central ». Mais si sur le papier, l’option est envisageable, dans la réalité politique, elle paraît difficile à construire.
Le NFP, par la voix d’Olivier Faure, s’est dit opposé à toute « coalition des contraires », alors qu’à droite, il « n’y aura ni coalition ni compromission » de la part de LR, a déclaré Laurent Wauquiez, à l’issue du second tour des élections législatives.
Un paysage polarisé
Le clivage gauche-droite risque d’être le premier frein à toute tentative de bâtir une majorité. Le programme du NFP, de l’abrogation de la réforme des retraites et de la loi immigration au Smic à 1 600 euros net, paraît peu compatible avec les ambitions du camp présidentiel ou de la droite. Or, l’union de la gauche n’est pour l’instant pas disposé à reculer sur ces questions. L’impasse guette.
« Les forces républicaines ont une responsabilité évidente sur le plan historique, pointe Arnaud Benedetti, professeur associé à l’université Paris-Sorbonne et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire.
Mais comment peuvent-elles s’entendre ?
Quand on entend les déclarations des uns et des autres, l’écart idéologique est tel qu’on voit mal comment ils peuvent rentrer – en tout cas rapidement – dans une culture de compromis. »
Or, cette culture du compromis est précisément ce qui permettrait d’éviter les blocages institutionnels et de se retrouver avec « une France ingouvernable », estiment certains observateurs.
Mais ce n’est pas une habitude ancrée dans la vie politique française, qui reste très polarisée et dominée par la division gauche-droite, comme l’ont rappelé ces élections. Un changement de mentalité semble donc nécessaire pour faire face à cette situation inédite. (RFI Plus)