Les ministres de cinq pays européens – Allemagne, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas – ont appelé Ryanair à appliquer le droit du travail local à son personnel, sous peine de s’exposer à des « risques juridiques », dans une lettre adressée à la compagnie irlandaise, dont l’AFP a obtenu copie.
Face au « conflit social persistant avec une partie considérable de son personnel dans plusieurs Etats membres », Ryanair doit trouver « une solution de façon urgente », écrivent les ministres du Travail Kris Peeters (Belgique), Hubertus Heil (Allemagne), Luigi Di Maio (Italie), Nicolas Schmit (Luxembourg) et Wouter Koolmees (Pays-Bas), dans cette lettre adressée à Michael O’Leary, la patron de la compagnie à bas coût.
« Ryanair et ses sous-traitants s’exposent à des risques juridiques en n’appliquant pas les lois locales du droit du travail », avertit cette lettre que la France et l’Espagne n’ont pas signée.
« L’actuelle proposition dans certains Etats membres d’une transition des contrats existants du personnel vers des contrats de droit local est une façon de mettre fin à ces risques », poursuit la lettre.
Quelle que soit la solution, il est « impératif » que la période de transition soit « très brève » et que cette solution soit « approuvée par les syndicats locaux », ajoute le texte.
Ryanair s’est déjà engagée fin octobre à signer des conventions collectives avec le syndicat belge CNE-CSC en vue d’appliquer le droit du travail belge à ses salariés d’ici le 31 janvier. La signature d’accords avec d’autres syndicats de pilotes au Portugal, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne est également intervenue.
« Ryanair observe totalement toutes les lois de l’UE sur le travail. Elle continue à négocier avec ses salariés et leurs syndicats en Europe et nous avons déjà confirmé l’offre de contrats locaux », a réagi la compagnie, interrogée sur cette lettre.
Après avoir refusé pendant ses trois premières décennies d’existence de discuter avec les syndicats, la compagnie a opéré un virage à 180 degrés en décembre dernier en acceptant de reconnaître certaines organisations syndicales et d’engager des négociations avec elles, après des épisodes de grèves à répétition.
« C’est la première fois qu’il y a une initiative par les autorités compétentes de 5 pays. Avant tout le monde se renvoyait la balle », s’est félicité Didier Lebbe de la CNE-CSC, syndicat belge impliqué dans les négociations avec Ryanair.
Un accord de principe a été conclu en Belgique avec les syndicats pour appliquer le droit local. « Nous faisons maintenant preuve de solidarité avec d’autres pays en insistant d’une même voix sur l’application du droit du travail local dans chaque pays », a commenté le ministre belge de l’Economie et de l’Emploi, Kris Peeters, cité par le quotidien Le Soir.
« Nous espérons que cette coalition inédite (…) portera ses fruits. Cependant, nous nous demandons pourquoi certains pays, également confrontés à l’attitude illégale de Ryanair, n’ont pas pris part à cette initiative », a commenté vendredi la CNE-CSC dans un communiqué.
Selon le syndicat, la France et l’Espagne ont refusé de signer cette lettre. Ryanair a récemment annoncé une relance de son offensive sur le marché français avec l’ouverture de deux bases, à Bordeaux et Marseille.