Dernier entretien avant le grand saut. A la veille de l’ouverture des débats à l’Assemblée sur son budget, Michel Barnier a choisi de s’exprimer longuement dans le JDD. Outre l’immigration, le Premier ministre y a évoqué les mesures qu’il s’apprête à défendre, malgré un texte fortement revu en commission.
Dans cette version retouchée, « les amendements du NFP ne s’articulaient même pas entre eux », tacle-t-il, dénonçant « des dizaines de milliards d’impôts supplémentaires [qui] conduiraient à fragiliser nos entreprises et le pouvoir d’achat de nos concitoyens ».
Michel Barnier a aussi critiqué la pérennisation de la contribution supplémentaire des grandes entreprises, votée par le Modem.
« Je m’engage à ce qu’aucune taxe temporaire ne devienne permanente », promet-il dans le média détenu par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré. « C’est à cette seule condition que les contribuables à qui on demande de faire un effort supplémentaire accepteront de le faire. »
« Une trajectoire de réformes allant jusqu’à 2029 »
Car pour le Premier ministre LR, « tout le monde va devoir se retrousser les manches ». Y compris les plus précaires. « Les retraites sont parfois très faibles. Néanmoins, elles ont bénéficié d’un coup de pouce important en janvier dernier », pointe-t-il pour justifier le report prévu de l’indexation des retraites, qui crispe jusqu’au sein de son parti.
Autre entité à devoir faire un effort : l’administration d’Etat. Précautionneux sur les mots pour ne pas accuser ou froisser, souhaitant « s’adresser directement aux agents et cadres de chaque administration », Michel Barnier n’en trace pas moins l’objectif : « mieux utiliser l’argent public » et « la diminution de 10 % du nombre des opérateurs de l’Etat » d’ici quatre ans.
Michel Barnier est en effet un ambitieux, qui souhaite aller même au-delà du mandat d’Emmanuel Macron et inscrire le Budget 2025 « dans une trajectoire de réformes allant jusqu’à 2029 ».
Même s’il regrette de « devoir présenter des mesures défensives et dans une telle urgence », égratignant au passage Gabriel Attal et détaillant les chiffres de la dette. Mais il n’est pas du genre « pessimiste », et rappelle que « nous bénéficions d’un taux de croissance de 1,1 % et l’inflation continue de baisser », ce qu’il voit comme un bon signe pour les entreprises.
Y compris pour les secteurs en difficulté, comme l’automobile ou le logement. « Nous allons faire face », martèle-t-il. « Une des clefs de la croissance et de l’investissement, c’est la stabilité et le cap en faveur de la compétitivité de notre économie », selon lui. Et Michel Barnier se veut inflexible sur cette stabilité, quitte à utiliser le 49.3 pour « éviter un blocage » parlementaire. (20minutes)
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