Le Royaume-Uni, appelant les Britanniques à « apprendre à vivre » prudemment avec le coronavirus, comme « avec la grippe », le Premier ministre Boris Johnson présente lundi ses projets pour lever l’essentiel des dernières restrictions sanitaires en Angleterre dans deux semaines.
Le chef du gouvernement conservateur doit donner une conférence de presse, et son nouveau ministre de la Santé Sajid Javid s’exprimer devant les députés pour détailler ces mesures, dont celle controversée d’abandonner le port obligatoire du masque à l’intérieur des lieux publics, malgré une envolée des contaminations attribuées au variant Delta.
« Aujourd’hui nous allons présenter la manière dont nous allons restaurer les libertés », a déclaré Boris Johnson dans un communiqué, mettant en exergue une campagne de vaccination « réussie ».
Apprendre à vivre avec le virus, appel à la prudence
Il a toutefois appelé à la prudence, soulignant que la pandémie n’était « pas terminée » et que la population allait devoir « apprendre à vivre avec le virus » et faire preuve de « discernement ».
Initialement prévue le 21 juin, la levée des dernières restrictions avait été repoussée d’un mois, au 19 juillet, en raison de la flambée du variant Delta, beaucoup plus contagieux. Ce variant, initialement détecté en Inde, représente désormais la quasi-totalité des nouveaux cas au Royaume-Uni. Les contaminations quotidiennes se sont rapprochées des 30.000 ces derniers jours.
Pays en Europe comptant le plus de personnes tuées par la pandémie (128.000) après la Russie, le Royaume-Uni et ses 66 millions d’habitants sont progressivement sortis d’un troisième confinement hivernal, avec la réouverture des restaurants, des commerces non essentiels et des lieux culturels.
Mais certaines restrictions demeurent, comme le télétravail, la fermeture des discothèques, ou l’interdiction des grands événements à pleine capacité ou du service au bar dans les pubs.
Selon Downing Street, les dernières données indiquent que les contaminations vont continuer à augmenter à mesure que les restrictions sont levées, « mais le lien avec les hospitalisations et les décès est affaibli » grâce à la vaccination.
64% de la population adulte totalement vaccinée
Lancée début décembre, la campagne a permis d’administrer deux doses à près de 64% de la population adulte, et une dose à 86%.
Le gouvernement a déjà lâché la bride pour les rassemblements de masse afin de permettre à 60.000 fans d’assister cette semaine aux demi-finales et à la finale de l’Euro 2020 de football au stade londonien de Wembley, une décision contestée.
Depuis plusieurs jours, il laissait entrevoir qu’il entendait faire largement appel au jugement des Britanniques.
« Je ne suis pas fan d’en porter un si je ne dois pas », a déclaré à propos du masque la secrétaire d’État chargée de la Protection sociale, Helen Whately, sur Times Radio lundi. Elle a souligné que l’exécutif privilégierait une approche basée sur « la responsabilité individuelle » et le « bon sens ».
Stratégie critiquée
Cette stratégie est vertement critiquée par certains universitaires qui conseillent l’exécutif.
Ainsi, Stephen Reicher, professeur de psychologie sociale à l’université de Saint Andrews, a jugé « effrayant d’avoir un ministre de la ‘Santé’ qui veut faire de toutes les protections une question de choix personnel quand le message clé de la pandémie n’est pas une question de ‘je’ mais de ‘nous’. Votre comportement affecte ma santé ».
Pour la Pr Susan Michie, spécialiste du comportement à l’University College de Londres, le choix de laisser filer les contaminations revient à « construire de nouvelles ‘usines à variant’ à un rythme très élevé ».
Durant le week-end, la British Medical Association a appelé le gouvernement à maintenir certaines restrictions en place en raison de l’augmentation « alarmante » du nombre de cas.
Le syndicat Unite, qui représente des dizaines de milliers de travailleurs dans les transports publics, a demandé lundi que le port du masque y reste obligatoire.
Selon la presse, le gouvernement devrait se prononcer aussi cette semaine sur la levée de la quarantaine obligatoire pour les Britanniques totalement vaccinés revenant d’un pays classé « orange », dont de grandes destinations touristiques européennes comme la France, l’Italie ou l’Espagne.
Au Royaume-Uni, chaque province décide de son propre calendrier face à la crise sanitaire. L’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande ont opté pour une levée plus lente des restrictions.
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