En quatre ans, les Suisses et binationaux partis s’installer au Portugal a fait un bond de 75% pour atteindre le chiffre de quelque 5500 citoyens sur l’année 2015.
L’introduction en 2013 d’un statut de «résident non habituel» n’y est certainement pas étrangère. Ce régime exonère d’impôts sur le revenu durant dix ans les retraités européens qui se portent acquéreurs d’un bien immobilier dans le pays.
Actuellement en plein boom économique et touristique, la capitale Lisbonne déploie une belle offre à prix imbattable.
Les prix des appartements de luxe démarrent à 150 000 ou 200 000 francs, tandis qu’une villa de standing de quatre pièces dans la campagne vaut dans les 600 000 francs. Des objets qui, en Suisse, se vendraient cinq à huit fois plus cher.
CEO d’Abel & Partners Home Management, Liucindo Abel rapporte: « Depuis 2016, Lisbonne est une destination qui séduit de plus en plus de jeunes, en plus de la clientèle habituelle de retraités.
Les prix s’avèrent compétitifs pour des trentenaires qui n’ont pas les moyens d’acheter en Suisse. Leur but est de mettre à la location un appartement à des touristes sur du court terme afin de s’assurer un complément de revenu. »
A titre d’exemple de prix sans concurrence, l’agent immobilier basé à Montreux cite un domaine de 5,5 hectares avec deux maisons, une grande piscine, des arbres fruitiers et de l’eau de source à vendre pour 225 000 euros.
Les classes moyennes s’invitent
Chez PwC Portugal, Alexandra Estebes Lopes détaille: «Pour devenir «résident non habituel», il faut vivre au moins 183 jours par an dans le pays. Nous constatons un intérêt croissant des ressortissants helvétiques comme des autres pays européens.»
Un coût de la vie avantageux permet en outre de limiter les dépenses mensuelles à moins de 2000 francs.
Les aménagements fiscaux décidés par le gouvernement ont dans un premier temps séduit des représentants des classes aisées. Aujourd’hui, ces avantages qui s’ajoutent à la douceur du climat et l’amélioration de l’image du pays conduisent également les classes moyennes à s’intéresser à cette solution.
Alors que le Portugal est plombé par une dette flirtant avec les 130% du PIB, le développement de la «Silver Economie» – le marché destiné spécialement aux personnes du troisième âge – doit contribuer au redressement de la situation.
Fiduciaires, agents immobiliers et voyagistes allient leurs efforts de promotion lors de conférences ponctuelles en Suisse et d’événements comme le Salon des seniors à Paris.
Les avantages du « visa doré »
Le Portugal souhaite aussi attirer sur son territoire de hauts revenus grâce à ses « visas dorés » (golden visa). Destiné aux investisseurs extra-européens, ce permis est octroyé en moins de 90 jours et donne accès à l’espace Schengen.
Il est accessible à tous les entrepreneurs prêts à investir au moins 500 000 euros pour l’achat d’un objet immobilier, désireux d’injecter un million d’euros dans l’économie portugaise ou encore de créer dix emplois, le tout sur une durée d’au moins cinq ans. Ce visa doré offre la possibilité d’obtenir la nationalité portugaise seulement 6 ans après s’être installé dans le pays.
Les Chinois constituent de loin la première clientèle, suivis des Brésiliens, Russes et Angolais. D’après les chiffres d’avril des services portugais de l’immigration, 4881 visas doré ont été octroyés depuis l’introduction de cette possibilité à l’automne 2012, amenant un transfert de capital proche de 3 milliards d’euros.
Les neuf dixièmes de cette somme ont été consacrés à l’acquisition de maisons et d’appartements. Sur l’année en cours, déjà 670 de ces sésames en or ont été délivrés. (AFP)