De Marine Le Pen (RN) à Adrien Quatennens (LFI), les attaques verbales contre le président Emmanuel Macron de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont été vivement critiquées par les politiques français dimanche.
Le président Emmanuel Macron, en butte à une nouvelle controverse avec la Turquie et à un appel au boycott des produits français dans le monde arabe, a diffusé dimanche soir plusieurs tweets affirmant ses valeurs, et soulignant notamment son rejet des « discours de haine ».
« La liberté, nous la chérissons ; l’égalité, nous la garantissons ; la fraternité, nous la vivons avec intensité. Rien ne nous fera reculer, jamais », écrit le chef de l’Etat, qui a également tweeté des versions en anglais et en arabe.
La présidente du RN a réagi en particulier en appelant à une réponse française et européenne plus forte.
Le rappel à Paris de l’ambassadeur de France à Ankara « est un geste significatif, on ne peut pas dire que c’est un geste fort », a-t-elle estimé lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
A la suite de l’Elysée samedi soir, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a dénoncé dimanche les propos « inacceptables » du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui avait mis en question « la santé mentale » de son homologue français Emmanuel Macron en raison de son attitude envers les musulmans. M. Erdogan a, depuis, réitéré ses propos dans un nouveau discours dimanche.
Mme Le Pen a invité à se tourner vers l’Union européenne pour l’interroger sur sa « complaisance totale » envers la Turquie. Ankara, a-t-elle soutenu, fait un « chantage » à la rétention des migrants présents sur son sol en échange de « milliards » versés par Bruxelles. Selon elle, « un signal clair » serait « d’abord arrêter de leur verser de l’argent ».
« M. Erdogan a choisi de ne pas présenter de condoléances après la décapitation d’un professeur et préfère insulter gravement le Président de la République alors que la France est en deuil. Le rappel de notre ambassadeur était inévitable et doit être salué », avait-elle précédemment tweeté.
A gauche, le député LFI Adrien Quatennens a également condamné « fermement » les propos du président turc.
« Je ne supporte pas qu’une puissance étrangère insulte le président de la République de mon pays, c’est inacceptable », a-t-il déclaré sur BFMTV. « Mais je mets aussi en garde M. Macron de ne pas surjouer l’indignation, parce que M. Macron, en Turquie a parfois été aux abonnés absents quand il le fallait, quand les opposants turcs étaient emprisonnés et que nous nous opposions a ce qui était en train de se passer ».
Le chef de file des députés LR, Damien Abad, a accusé Recep Tayyip Erdogan de pratiquer « un amalgame volontaire pour encourager l’islamisme ».
« C’est cela qui n’est pas acceptable », a-t-il expliqué lors de l’émission Dimanche en politique sur France 3 : « D’un côté Erdogan le fait au nom de la défense des musulmans, à tort, d’un autre côté vous avez Mme Le Pen du Rassemblement national qui le fait elle aussi et qui confond les musulmans et l’intégrisme, qui sont deux choses bien différentes ».
Pour M. Abad, « l’enjeu de la République, c’est de bien différencier, et d’agir fermement, sans relâche, contre l’islamisme radical, et dans le même temps d’intégrer davantage les musulmans en France ».
Le député LR Eric Ciotti a jugé pour sa part que « cette Turquie n’a plus rien à faire dans l’OTAN et ne peut pas intégrer l’Union Européenne ! Il est temps de s’affirmer et d’être clair sur la scène internationale ».
L’eurodéputé LREM Stéphane Séjourné a enfin ironisé sur Twitter : « Une semaine après l’assassinat du professeur #SamuelPaty, le dictateur #Erdogan sort de son silence pour présenter ses condoléances… ah, non, pour insulter le Président français ! Mégalomane, intempestif, narcissique, dangereux et maintenant grossier, de pire en pire… ».