Le Portugal a décidé de renoncer à la toute dernière tranche d’aide de son renflouement international, à la suite du rejet par le Tribunal constitutionnel d’un ensemble de mesures de rigueur, a annoncé son ministre des Finances.
« Le gouvernement estime que ce n’est pas le moment de prendre des décisions sur des mesures de substitution, décision qui a pour conséquence que nous ne recevrons pas la dernière tranche du programme », a dit Maria Luis Albuquerque à la presse.
Les mesures rejetées avaient été décidées dans le cadre du plan d’aide international qui a officiellement pris fin le 17 mai. Les économistes évaluent le manque à gagner à 700 millions d’euros, ce qui pourrait compliquer la tâche du Portugal en vue d’atteindre ses objectifs budgétaires.
Le pays est cependant parvenu à se financer facilement sur les marchés obligataires depuis la fin du plan de renflouement, mis en place en 2011 alors que le Portugal était au bord de la faillite.
Pour pouvoir percevoir le dernier paiement, d’un montant de 2,6 milliards d’euros, Lisbonne aurait dû présenter d’ici la fin du mois à ses bailleurs de fonds internationaux une nouvelle série de mesures d’austérité.
Si Lisbonne avait accepté de recevoir cette dernière tranche d’aide sans présenter des mesures d’austérité supplémentaires d’ici la fin juin, le plan de renflouement aurait dû être rouvert, a expliqué la ministre des Finances.
Elle a ajouté que la décision de renoncer à ce paiement s’expliquait par une « incompatibilité de calendrier », le Tribunal constitutionnel devant encore se prononcer sur d’autres mesures.
Maria Luis Albuquerque a réaffirmé l’engagement de Lisbonne de respecter les objectifs budgétaires fixés en accord avec l’Union européenne. « Nous estimons que cette décision renforce la crédibilité de notre gouvernement », a-t-elle dit.
Dans un communiqué, la troïka des créanciers internationaux – Commission européenne, BCE et FMI – a dit « prendre note » de la décision de Lisbonne et a ajouté encourager le gouvernement à poursuivre le processus en cours de réformes structurelles.
« La décision du gouvernement portugais montre que les efforts de réforme ont porté leurs fruits », a dit de son côté Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances. « Le Portugal s’en sort désormais sans aide européenne et peut voler de ses propres ailes. C’est une grande réussite ».
Le Portugal a réussi mercredi sa première adjudication d’emprunts à 10 ans depuis sa sortie de Lisbonne du plan d’aide.
L’opération a permis de lever 975 millions d’euros, plus que prévu, et a produit un rendement moyen de 3,2524%, le plus bas depuis des années.
Dans une étude publiée jeudi, l’agence de notation Moody’s invite toutefois à la prudence. Avec l’arrêt de la cour constitutionnelle, le gouvernement pourrait avoir plus de difficulté à atteindre son objectif d’un budget à l’équilibre d’ici 2018, ce qui pourrait différer de futurs relèvements de la note de crédit du Portugal, avertit-elle.
Le 9 mai, Moody’s avait relevé la note souveraine du Portugal d’un cran à Ba2, en indiquant à l’époque qu’un nouveau relèvement pourrait intervenir dans les prochains mois. (Reuters)