• mar. Avr 16th, 2024

L’Angola n’est plus un Eldorado pour les portugais

ByTeam

Mar 7, 2017 ,
Share This !

Poussée par la crise économique, beaucoup de portugais avaient décroché un emploi en Angola, terre de refuge pour les émigrés portugais.

« Au début, je gagnais 4 200 euros net par mois, en travaillant dans un spa. J’étais logée et nourrie, c’était le paradis », raconte Marina Pereira cette ostéopathe de 33 ans, qui s’était installée en 2012 à Luanda, capitale de l’ancienne colonie portugaise riche en pétrole et diamants, où la langue officielle reste le portugais.

Puis l’euphorie a fait place à la désillusion : « J’ai commencé à être payée en kwanzas, la monnaie locale, et mon revenu mensuel a fondu à 1 000 euros. Le change ne se faisait qu’au marché noir, à un taux prohibitif ».

Elle est repartie car « la vie à Luanda était devenue bien trop chère ». Le retour en 2015 au Portugal, à peine sorti d’une récession profonde, s’avère brutal. Un salaire de 650 euros pour travailler dans un gymnase, « ce n’est pas suffisant pour avoir une qualité de vie décente », témoigne cette jeune femme à la chevelure noire et au regard pétillant.

Chassés par les troubles qui ont accompagné l’indépendance de l’Angola, quelque 300 000 colons portugais avaient dû plier bagages en 1975. Quarante ans plus tard, le Portugal assiste à une nouvelle vague de « retornados » contraints de quitter ce pays africain englué à son tour dans la crise.

Cet exode entamé en 2015 est « toujours en cours, mais à un moindre rythme », estime le président de la Chambre de commerce luso-angolaise, Paulo Varela.

Ils gagnaient plusieurs milliers d’euros par mois

Alors que l’argent du pétrole coulait à flots à Luanda, qui se rêvait en futur Dubaï, les cours de l’or noir ont commencé à s’effondrer en 2014. Les recettes du pays, qui dispute la place de premier producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne au Nigeria, ont été divisées par deux.

Du coup, l’État angolais, dont le budget dépend pour 70% du pétrole, a mis un frein à l’investissement public, arrêtant des milliers de chantiers, et limité l’accès aux devises, frappant ainsi de plein fouet les entreprises du bâtiment et des travaux publics.

« De nombreux groupes portugais opérant en Angola n’arrivent plus à payer leurs salariés car ils ont du mal à rapatrier leurs gains », explique Ricardo Pedro Gomes, président de l’Association des entreprises de construction portugaises.

« Sur les 100 000 ouvriers portugais du BTP qui travaillaient en Angola avant la crise, il n’en reste plus que quelques milliers. Et il y a des retards de salaires allant jusqu’à un an », renchérit Albano Ribeiro, dirigeant du syndicat de la construction.

Pedro Dias, un agent commercial de 42 ans employé par un groupe électronique angolais, a assisté aux départs successifs de ses amis, avant de retourner lui aussi au Portugal.

A Luanda, il était payé 2 500 à 3 000 euros par mois, et l’entreprise prenait en charge son logement, la voiture et l’alimentation. Des revenus suffisants pour faire vivre sa femme et ses trois enfants, restés au pays.

Mais avec les restrictions de devises, les virements bancaires vers le Portugal ont cessé. « J’ai dû repartir, il fallait bien que ma famille mange. »

Agressée par des enfants armés

La vie des émigrés à Luanda est pourtant semée d’embûches. « En public, on ne parle jamais du régime angolais », dirigé d’une main de fer depuis 37 ans par le président José Eduardo dos Santos, pointe Pedro Dias. « Si l’on veut éviter des problèmes, il ne faut pas se mêler de politique. »

PORTUGAL-ECONOMY-OIL-ANGOLA-FEATUREQuant à Marina Pereira, elle s’est fait agresser en plein jour « avec une arme pointée sur la tête, par des enfants de dix ou onze ans. » Elle se souvient aussi d’avoir « attrapé la malaria et la fièvre jaune » et « failli mourir ».

Mais malgré cela, « l’Angola me manque, c’est une relation amour-haine, j’ai toujours été fascinée par l’Afrique », sourit-elle, évoquant des « plages merveilleuses » et « l’odeur de la terre humide ».

D’où l’idée de repartir dans une autre ex-colonie portugaise : Sao Tomé-et-Principe, une île située au large du Gabon. Sa valise rose fuchsia, posée à même le sol dans l’entrée de son logement modeste au centre de Lisbonne, est déjà prête. (AFP)

» Connectez-vous à Facebook pour pouvoir commenter

Articles qui pourraient vous intéresser:

Intercités à 99 % par plus de 300 drones et missiles iraniens, en Israël

Israël a confirmé aujourd'hui que 99 % des plus de 300 « drones » et des disparus de l'Iran, lors d'...

Pour la première fois, le porte-avions français sous commandement de l’Otan

Le porte-avions Charles-de-Gaulle, fleuron de la flotte française, va passer pour la première fois...

Le gouvernement a annoncé un plan de bataille pour doper le "solaire Made in France"

Le gouvernement a annoncé un "plan de bataille" pour doubler le rythme de déploiement des capacités ...

Avez-vous tout ce qu'il faut pour réaliser ce gâteau ?

Il faut qu'il passe au four pendant une heure. Pourtant, il utilise des ingrédients très simples, vo...

Santé : qu'arrive-t-il à votre corps lorsque vous consommez plus de fibres

Ce sont tous des points positifs à connaître. Le mieux est de miser sur plus de fruits pour en bénéf...

Meta supprime un outil contre la désinformation

CrowdTangle, un logiciel considéré comme essentiel pour repérer et analyser la désinformation sur Fa...

Santé : le symptôme visible sur la jambe peut annoncer un cancer du rein

Maladie silencieuse : le cancer du rein se manifeste généralement sans symptôme. Néanmoins, voici u...

Climat : les catastrophes climatiques ont coûté 6,5 milliards d'euros aux assureurs en 2023

En 2023, les catastrophes climatiques en France ont coûté 6,5 milliards d'euros aux assureurs qui s'...

Forum cybersécurité : Lille, capitale de la cybersécurité dans une France de plus en plus ciblée

Hackers "éthiques", start-up et experts de la sécurité informatique se retrouvent à Lille pour le ...

"Le cerveau a besoin de viande", déclare un médecin de Harvard

Georgia Ede, psychiatre nutritionnelle et métabolique à Harvard aux États-Unis, a déclaré à KIRO New...

Interdiction des "viandes végétales" : les entreprises du secteur saisissent le Conseil d'Etat

Plusieurs entreprises fabriquant des produits de substitution à la viande ont déposé un référé-suspe...

Projet américain à l'ONU pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza

Les Etats-Unis ont pour la première fois annoncé un projet de résolution à l'ONU appelant à un "ce...