Le Premier ministre sortant du Portugal Pedro Passos Coelho a été chargé jeudi de former un nouveau gouvernement de droite qui, privé de sa majorité absolue, risque d’être renversé par un Parlement qui a basculé à gauche aux dernières élections.
J’ai désigné M. Passos Coelho comme Premier ministre, car il est le chef de la coalition qui a remporté les élections législatives le 4 octobre dernier, a déclaré le président conservateur Anibal Cavaco Silva dans une allocution télévisée.
Pedro Passos Coelho, arrivé au pouvoir en 2011, a remporté les élections législatives à la tête d’une coalition de droite qui a obtenu 38,6% des voix et 107 députés sur 230.
Mais le socialiste Antonio Costa, arrivé deuxième avec 32,3% des voix et 86 sièges, revendique lui aussi le poste de Premier ministre, affirmant être en mesure de former un gouvernement avec les partis de la gauche antilibérale.
Une telle union de la gauche, qui associerait le PS, le Bloc de gauche, parti apparenté au Syriza au pouvoir en Grèce, le Parti communiste et les Verts, serait inédite au Portugal depuis les premières élections législatives de 1976.
Tout en reconnaissant que la coalition de droite n’était pas en mesure de garantir la stabilité du gouvernement qu’elle formera, M. Cavaco Silva a jugé que les conséquences financières, économiques et sociales d’une alternative incohérente suggérée par d’autres forces politiques seraient bien plus graves.
En dehors de l’Union européenne et de la zone euro, l’avenir du Portugal sera catastrophique, s’est inquiété le chef de l’Etat, dans une allusion aux positions très critiques défendues jusqu’ici par les partis de gauche radicale vis-à-vis de l’Europe.
Assurant que ses éventuels alliés étaient prêts à mettre une partie de leurs revendications entre parenthèses, M. Costa a répété à plusieurs reprises que les engagements internationaux du Portugal ne seraient pas mis en cause.
M. Passos Coelho doit à présent mettre sur pied une équipe gouvernementale qui, une fois entrée en fonctions, disposera de dix jours pour présenter son programme.
Le dernier mot revient désormais au Parlement, a ajouté le chef de l’Etat, précisant que le rejet du programme de gouvernement par la majorité absolue des députés signifierait la démission du gouvernement.
Si les partis qui composent la gauche portugaise parvenaient à gommer, même temporairement, leurs divergences historiques au nom d’une rupture avec la politique d’austérité, ils disposeraient de suffisamment de sièges (122 sur 230) pour renverser un gouvernement minoritaire de droite en rejetant son programme.
Dans cette hypothèse, le chef de l’Etat pourrait laisser M. Passos Coelho à la tête d’un gouvernement de gestion des affaires courantes ou demander à M. Costa de former à son tour un gouvernement.